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dimanche 6 juillet 2014

Laissez-nous le temps d'apprendre à devenir deux.

 J'entends assez souvent "je peux le prendre?" ou "tu me le prêtes?".
Je me sens assez mal à l'aise : mon corps dit non, ma tête dit non et mes yeux sont remplis de désespoirs. 
Parfois, je sens que je n'ai pas le choix. 

Trop souvent, je n'ai pas le choix.

Pour essayer de mettre des mots sur ce que je peux ressentir, pour essayer que tout soit clair et surtout que rien ne soit mal pris :
- A mes amis proches, je leur explique calmement, doucement. Ils comprennent.
- A d'autres, je n'arrive pas à m'exprimer : la peur qu'ils se vexent et le prennent mal.

Laissez-nous le temps d'apprendre à nous détacher de notre fusion qui nous anime Pompoko et moi. S'il vous plait, c'est un besoin.

Ne cherchez pas à tout prix à l'avoir dans les bras, si je ne vous le confie pas, c'est que je ne m'en sens pas capable, c'est que je le fais à contre coeur, c'est que mon corps fait quelque chose de peu naturel.
Ce n'est pas qu'avec une seule personne que je réagis comme cela; c'est avec tout le monde.
La preuve étant : ma meilleure amie n'a eu mon fils dans les bras qu'à ses 3 mois et une semaine et au bout de 3 jours de présence à la maison. Parce que je le sentais, parce que j'en avais envie (et elle ne me l'a pas demandé, jamais).

Si je souhaite le poser pour faire quelque chose d'autre, n'hésitez pas à demander "veux-tu que je te le garde?". Je vous répondrais franchement. Plutôt que d'insister à vouloir à tout prix l'avoir dans vos bras.

Généralement, lorsque l'on ne me demande pas, je suis plus encline à le confier. 
Oui, je ne "prête" pas mon bébé, il n'est ni un jouet, ni une poupée, ni une plante, ni un meuble, ni une chose, ni un bordel  (comprendra qui pourra) : c'est mon bébé.

Cela m'arrive aussi avec ma propre mère, bien qu'elle ne demande pas, elle doit ressentir mon malaise, ma gêne à lui confier. Cela doit être un problème de petite primipare que je suis, ou alors un problème dans ma tête, je ne sais pas. Laurie dirait si bien que c'est mon greffon. L'image est là, compréhensible.

J'ai très mal vécu les premières 24h de Pompoko alors qu'au final, ce n'était que de la famille qui était présente. Mais, c'était trop.
J'avais bien dit PERSONNE à la maternité le premier jour, tout le monde est venu ce jour là.  Le mieux, ça aurait été d'espacer un peu tous les jours. Je me suis sentie dépossédée de mon fils parfois (pas tout le temps). D'un point de vu fatigue, c'était l'enfer (dormi que 3h en 72h).
D'un point de vu stress, il faut se mettre à la place d'un nouveau-né : il passe d'un endroit confiné et de sa maman à du vide (pleins de vide) à une multitude de personnes (personnel hospitalié, famille parfois amis...). Laissons-leur le temps de s'adapter ! Laissons-les parents s'adapter aussi !

S'il m'arrive d'avoir la chance de reséjourner à la maternité, je serai intransigeante : personne (mais  genre PERSONNE) à la maternité mais aussi durant le premier mois de vie de notre (futur) enfant. Je ne referais pas la même erreur, je me ferais entendre cette fois-ci. Tout simplement car il faudra que Pompoko trouve sa place et que notre famille prenne ses repères.

Il semblerait que Pompoko aime la soie...
et surtout mon foulard !
Encore aujourd'hui, bien que Pompoko ait 3 mois et des poussières d'étoiles, je sais que nous sommes  très fusionnels. Un peu moins qu'à son premier mois, mais c'est toujours ultra intense.
Avec son papa, je n'ai pas de mal, je me mets à sa place, il aurait tant voulu être à la mienne pendant 8 mois et demi et puis c'est son papa, c'est différent d'une personne extérieure à notre bulle.
Pourtant, parfois, je sens Tipiak me laisser Pompoko parce qu'il voit (et sans doute ressent) notre fusion.
Je l'ai toujours dit : j'ai peur d'être (trop) fusionnelle avec Pompoko mais, le fait de parfois me forcer à l'avoir dans vos bras, ça me braque, ça m'arrache le cœur, ça me force à le protéger encore plus. Bien que je sois totalement consciente qu'il n'est pas en danger et qu'au final, c'est tout plein d'amour que vous souhaitez lui prodiguer. 

Ne tentez pas à tout prix de forcer la maman, à lui prendre son tout petit. 
Si elle ne vous le propose pas, c'est qu'elle ne se sent pas prête.

Je me mets bien souvent à la place de toutes ces personnes et je les comprends.
Avoir un tout petit dans les mains, c'est si merveilleux. Moi-même avant d'avoir Pompoko, j'adorais ça. (Merci Popo, merci Emilie au passage de m'avoir permis d'avoir des étoiles dans les yeux !).
Il y a quelques années, il m'est arrivé de demander, si mes souvenirs sont bons...  Pas trop de fois non plus. Je ne savais pas, je m'excuse platement de ce type de comportement. Si j'avais su, je serai restée à ma place et j'aurai patiemment attendu qu'on me le propose.

J'aimerais que l'on se mette aussi à ma place. Que l'on tente de comprendre ce que je peux ressentir, que l'on arrête de me forcer de m'arracher mon fils de mes bras ou des bras de son père.
Oui, j'emploie les bons termes, ils ne sont pas trop forts, ils sont ceux que je ressens. Je me force trop souvent. Je ne regarde plus de peur de faire trop de réflexions (ne l'assoie pas, tu le portes mal, non pas comme ça) mon cœur de maman fait des bons. Et j'encaisse, et je me taie, et j'ai mal.

Je ne veux me mettre personne à dos, c'est juste que je me sens toujours mal à l'aise lorsque l'on me demande. Sur le moment, je n'arrive pas à transmettre les émotions qui m'animent et cela peut aller jusqu'à de la contradiction intérieure.

Oui mais non mais oui, non, non, non ! *stress*

A quoi cela sert? Rien.
Je suis consciente que c'est à moi de faire le travail (le plus gros !) et pour ce faire, laissez-nous le temps. Le temps d'apprendre à être deux même si physiquement c'est ce que nous sommes. Pompoko, je l'ai eu en moi, il me connait, sent et ressent mes réactions. C'est mon éponge, c'est mon reflet.

Je remercie la majorité de mes amis qui n'ont quasi-jamais cherché à me forcer, qui comprennent sans doute que trop bien notre histoire (passée, actuelle et sans doute future).

Pour apprendre à se détacher, il faut apprendre à s'attacher.
Nous sommes toujours en apprentissage, il est bon de le savoir.

Petit article qui me parle et j'espère que tout le monde le comprendra !

Le premier langage, c'est une parole non dite entre deux êtres qui s'étreignent, 
et c'est la parole non dite qui prend forme d'être humain. 
Françoise DOLTO

4 commentaires:

  1. C'est vrai qu'il y a chez certaines personnes, une espèce d'obsession de la séparation mère-enfant. Je raconte souvent cette anecdote qui m'a un peu traumatisée : Le 2ème jour, à la maternité, ma fille n'avait donc qu'un jour et demi, mamy DarkVador ne part pas, il doit être 19h, elle veut la garder aux bras. Moi j'étais fatiguée, faible, normal après avoir accouché... Moi j'avais les tripes qui me demandaient de reprendre ma fille contre moi, elle me demandait elle aussi. Tout ce qu'elle a trouvé à faire, c'est me regarder d'un air sadique en me disant, "t'es jalouse, hein". Je regrette vraiment de ne pas avoir su quoi faire à cette époque... Enfin, tout ça pour dire que je te comprends tout à fait et que tu as raison, ton bébé n'est pas un jouet, mignon, qui doit passer entre toutes les mains. Tu sais mieux que quiconque s'il a besoin de rester près de toi. J'essaie d'écrire un billet là dessus moi aussi mais je n'y arrive pas, ça me remue trop!! Bonne journée!

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    1. Moi aussi ça m'énervait trop... et puis, j'ai su trouver les mots pour ne pas être agressive (en tout cas, je l'espère !).

      Je suis assez excédée de me sentir mal parfois et d'y aller à contre-coeur.... puis d'entendre les mêmes phrases (qui me braquent) "jpeux l'avoir? dis, dis? tu me le prêtes, allez, steupléééééé..."

      Quelque part, je suis contente que tu laisses un commentaire (et si d'autres en laissent aussi :P) parce que je me sens moins seule, moins bizarre...

      Concernant mamy Darkvador (le nom en dit long !), je lui aurai dit "jalouse? oui, d'ailleurs, rends le moi et tu l'auras lorsque tu me respecteras plus". Y'a des trucs qui ne sont pas passés à la mater (ma mère qui parle à ma place à titre d'exple), concernant d'autres points, je regardais Tipiak mais il ne comprenait pas mon regard désespéré.

      Il m'a avoué qu'il ne comprenait pas ce que je pouvais ressentir dans ces moments.... même s'il comprend quand je lui explique. Le tout c'est de parler.
      Tipiak n'a pas su mettre à la porte les gens à un moment donné. Je ne lui en veux pas.... mais pour ne pas que ça se reproduise, j'ai des idées tranchées (ptêtre un peu trop et qui évolueront sans doute...) mais bon, je pense qu'il est bon, de savoir ce que l'on veut et ce que l'on ne veut plus.

      Plus jamais on me dépossèdera de mon enfant pour quelques (longues) minutes juste pour assouvir des envies personnelles. Nous, maman, on en garde encore les séquelles je pense.

      J'aimerais que les principales personnes lisent mon texte et le comprennent, sans mal le prendre. Le but n'est pas de vexer.... mais de me comprendre un peu plus en profondeur !

      Merci à toi pour ton témoignage, vraiment, ça fait du bien de ne pas se sentir seule.

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  2. Un besoin bien normal ! Ce qui est bien, c'est que tu arrive à le dire, en tout cas ici et avec moi :) ! Un bébé et sa relation avec les parents c'est sacré <3 (et même quand ce n'est plus un bébé !)

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    1. La relation à autrui est importante aussi. Mais pour le moment, j'avouerai que je n'aime pas trop qu'il passe de main en main. Bon, ça va lorsque l'on n'est que toi, le papa et moi, je me dis "ok, j'peux le poser, elle va jouer avec". Et puis, toi, tu le stimules; tu ne le portes pas juste pour l'avoir dans les bras. La différence est là !

      <3 Je suis contente que tu ne l'ai pas mal pris lorsque je t'ai fait part de mes sentiments... J'avoue que j'avais peur mais je me suis dit avec les ami(e)s ça passe plus facilement qu'avec la famille.

      Ma mère je lui dis (bon y'a jamais la forme parce que j'suis une fille indigne) mais elle réagit en me disant "okay, j'me barre". Ce n'est pas ce que je lui demande mais bon, les chiens ne font pas des chats :P

      Et puis, y'a tous ceux qui font des gestes brusques et qui s'étonnent que Pompoko se mette à pleurer (ma mère la première !!!). Ooh, il est capricieux, il n'en a que pour sa mère cet enfant etc... etc... et autre débat !

      des bisous <3 et on se voit avant ma reprise du boulot?

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