Hashimoto Post-Accouchement #2 & Lactation en berne.

Petit article combo "gagnant", misez sur le bon cheval, attention, il n'y aura qu'un seul tour.

Faites vos jeux.

A la maison, le 23 juin 2014, 

Je ne dois pas être "normale". J'en viens à me dire cela. 

Pourquoi ai-je des soucis alors qu'aux 3 mois de l'enfant on considère que l'allaitement est correctement mis en place?

Il y a peu, j'ai eu un peu perdu de sang lorsque j'ai tiré mon lait; tout ça pour stimuler ma lactation. En effet, depuis début Juin, c'est un peu une bataille acharnée entre mon corps et mon esprit. Mais je ne m'en fais pas, j'obtiens toujours ce que je veux, l'allaitement continuera et j'en sortirai plus forte.

Bref, je me met à tirer mon lait et rien ne sort alors que pourtant mon sein est assez rempli.

Je me suis permise d'acheter de la levure de bière (à cas désespéré, on tente un peu tout), ça a été concluant lors du premier test. Youpi, j'avais fuit. 

C'était sans compter ma thyroïde. Elle déconne à nouveau. J'ai la nette impression que quoi que je fasse pour augmenter de façon astronomique mes montées de lait; ma thyroïde réduit tout espoir en  moins de 24h. 

L'homéopathie, pourquoi pas, après tout, on y croit ou pas.

Les tisanes, même en en buvant des litres, pourquoi pas : mon corps s'habitue.

Les épices, je les varie et le cumin me procure une augmentation mais pas de quoi nourrir son bébé toute la journée sans autre complément.

La levure de bière, efficace mais jusqu'à quand? Jusqu'à ce que mon corps s'habitue?

Lors de notre week-end en Normandie (du 20 au 22 juin) sur le retour, j'ai dit à Tipiak qu'il valait mieux qu'il prenne Pompoko dans ses bras car j'avais une peur panique de le faire tomber.
Tipiak voyait, sentait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.

Je me sentais faible, très faible. Fatiguée, ultra fatiguée et chose que je ne fais pas souvent, pour ainsi dire jamais : j'ai dormi dans la voiture sur le trajet retour. Je ne parlais pas, c'était trop difficile, ça me demandait trop d'efforts, trop d’énergie. Et je suis une sacrée bavarde, croyez-moi. 

Dimanche, j'ai lutté, je me suis battue contre ce corps.

L'an passé, à me battre tellement, j'allais au boulot machinalement. Je me rendais compte que j'y étais à 11h. Comment j'y étais arrivée, je me posais la question chaque jour. Je dormais de 19h30 à 8h et les week-end, je pouvais dormir plus de 20h/jour sans être assez reposée.

Alors qu'il faisait plus de 25°, je me suis mise à dire pour la première fois de ma vie que j'avais froid tout en transpirant (par la chaleur). Je ne parle pas de mon poids car sinon, on va penser que je fais une sacrée fixette dessus (bha oui, hein, elle est grosse car elle se lâche et mange pour deux !). 

Cette saloperie me fait peur, Hashimoto me fait peur. Peur que mon allaitement, si bien commencé soit en danger, peur que ma thyroïde se dégrade à une vitesse folle, peur de ne plus être la même, de ne plus porter la vie, jamais.

Il y en aura toujours pour dire que c'est des conneries, que c'est du cinéma, que c'est faux, que l'on peut, que ceci ou cela. Moi, ça me désole, je ne me sens plus maîtresse de mon corps, cette année, je peux mettre des mots autres que dire "j'dois faire une dépression s'pas possible à être si mal dans ce corps sans savoir pourquoi?". 

Non, je ne déprime pas, je me sens heureuse. Lorsque je vois Tipiak, lorsque j'admire Pompoko, le bonheur absolu est présent, je le caresse, je l'empoigne moi le bonheur. 

Je n'essaie pas de me convaincre, j'ai tout ce que je pourrais désirer avoir en ce moment. 

Il y a juste ma thyroïde qui me dit FUCK. Il est juste hors de question qu'elle me pourrisse une nouvelle fois la vie, qu'elle me domine.  

NON. 

Et si, involontairement, je faisais du mal à mon fils? Si je n'arrivais plus à le porter? Bordel, il ne fait que 6kg... alors quoi? Si je le fais tomber, je ne m'en remettrais jamais.
Du coup, en ce moment, je reste souvent assise ou alors allongée et je profite de lui et de ces moments. Je suis lucide tant que je ne le sens pas en sécurité, je ne me lève pas. J'ai beau avoir la tête qui tourne, je ne prends aucun risque. Je bois un petit quelque chose et reviens auprès de Pompoko.

J'ai ces douleurs aux bras, j'ai honte de le dire, de me l'avouer... 6kg, si fragile et j'ai si peur. Je sens ma limite, je sens que là, je ne suis plus dans les normes niveaux TSH, je sens qu'il se passe quelque chose. Et ça ne me plait pas.

Je fais tout pour stimuler / entretenir ma lactation. Mon fils prend du poids, c'est ce qui me rassure, il mange. Je le vois et l'entends bien. J'ai peur qu'il n'ait pas assez. Je n'en ai pas l'impression mais bon, il n'est pas gros comme tous les bébés que l'on peut voir. Le notre est parfait, sans réel bourrelets mignons sur le ventre. Il a son pic de croissance des 3 mois qui se termine tout doucement.

Je le porte en écharpe, je me sens bien mieux, je me sens rassurée, il a une sécurité.

Il est déjà si fort et me donne cette force. Quand il me prend les doigts avec sa petite mains, qu'il me fait des "huuum huuum huuum" en me causant de son langage bébé. Je ne peux pas me permettre d'être faible, il n'a pas demandé cela. Il nous a choisi, je l'ai tant désiré, tant voulu... Il faut se battre, il faut être forte, pour lui, pour eux. Ils sont ma famille, ils sont ma force. Quoi qu'il arrive je veux qu'ils soient fiers de moi. Je veux qu'ils pensent que je suis allée au bout, le plus loin possible, le tout sans mettre en danger personne.

***

A la maison, le 26 juin 2014, 

Alors, voilà. Je commence tout doucement à redompter mon corps. J'ai toujours des courbatures, je suis toujours autant fatiguée mais je prends sur moi. Etre maman, c'est avoir une force inavouée quelque part, même quand tu es à moitié bloquée du haut du dos. 

Je fais tout pour entretenir au mieux ma lactation, on dirait que mes efforts payent. Hier soir, j'ai tiré 50mL de lait. Beaucoup moins que ce que je pouvais faire avant mais une sacrée victoire.

Le cumin : j'en ai mis une quantité énorme mais ça paie. Cette épice reste une bonne alternative. 

J'ai banni la menthe, le persil, le soja de mon alimentation. Je me force à manger et à boire. Alors Hashimoto? Hein, tu crois gagner?

On va faire ma prise de sang lundi 30 juin.
Je saurai.
Ma TSH est-elle encore dans les normes? Est-ce dans ma tête tout cela? Est-ce la réalité?

***

A Paris, le 2 juillet 2014

Le téléphone sonne.

C'est le laboratoire d'analyse.
Bizarre, ils n'appellent jamais habituellement.

Le biologiste en panique : "Mélodie?  Rebonjour, c'est Monsieur UNTEL du laboratoire d'analyse.
- Euh oui?
- Je viens pour vous informer de votre TSH. Nous avons refait 3 fois la manip' et les tests. Votre TSH est proche de 100, prenez contact urgemment avec votre endocrino.
- Proche de 100? Mais, c'est impossible, la norme c'est entre 2 et 4....
- Oui, c'est ce que je me suis dit et on a fait vérifier vos résultats par un labo extérieur. Je ne sais même pas comment vous faites pour tenir encore debout. Si vous n'avez pas votre endrocrino rapidement, allez aux urgences, c'est une urgence !"

Panique.
Remise en question.
Et si... on ne pouvait plus faire de petit frère ou de petite soeur? Et si ma thyroide se déteriorait encore? Plus rapidement...? Qu'en penserait Tipiak? Comment le viverait-il? Et moi? Comment combler ce vide?
Mon allaitement !
Mon allaitement.... Je ne suis pas prête, non, on avait dit minimum 1 an.
J'enquille la levure de bière, c'est bon pour les cheveux (que je perds toujours par poignée), c'est bon pour aider ma lactation.

***

A la maison, le 3 juillet 2014

10h34.

J'appelle mon endocrino.
Elle est encore plus surprise que moi concernant le taux de ma TSH.
"De toute ma carrière, je n'ai jamais vu une TSH augmenter de la sorte en un mois. Ecoutez, ce que vous me dites (symptômes*) c'est normal, on va repartir sur du levothyrox 125 comme durant votre grossesse, on refait un bilan fin juillet et j'aviserai.

symptômes* : avoir froid, constipation (so glam'), perte très importante de cheveux, tête qui tourne, plus de force, énorme fatigue, moins de maîtrise de mon corps.

- Et ma thyroide, elle va tenir? Je pourrais refaire des enfants?
- Au vu des résultats, je ne sais pas, on verra fin juillet, on fera des tests plus poussées si ça n'est pas descendu dans une "norme" raisonnable (autour de 10). Pour votre allaitement, c'est normal, y'a beaucoup de femmes qui "n'ont plus de lait autour des 3 mois, va falloir penser à passer aux biberons"".

Non, non, non ! Je ne l'écoute pas.
Elle ne sait pas.
Mon fils mange. Mon fils boit du lait. Il remplit ses couches. J'entretiens ma lactation, je fais tout pour, on s'en sortira.
On s'en sortira !
Si je dois faire une croix sur un futur bébé, je ne ferais pas une croix sur l'allaitement. Je ne lâcherai pas prise, hors de question que cela se termine ainsi. De toute façon, je ne le supporterai pas. Je comprends mieux pourquoi je n'arrive plus à tirer mon lait (20mL c'est maigre pour des réserves. Plus rien du tout par la suite, ça fait mal).

Heureusement que je n'ai pas repris le boulot. Heureusement que je suis en congé parce qu'une chose est sûre, je n'aurai pas tenu le coup. Hashimoto me fait peur mais je le dompterai. Je gagnerai, je ne me laisserai pas abattre.

La victoire du jour : je rentre dans des pantalons de non-grossesses. Des pantalons que je m'étais offert il y a un an et qui ne fermaient pas.
Je me rassure.
J'avais dit qu'il fallait qu'aux 3 mois de Pompoko j'entre dans certaines fringues sans pour autant faire de régime.
Premier pari avec moi-même réussi. 
Maintenant, je veux entrer dans TOUS les pantalons pour ma reprise du boulot. Je veux que Pompoko (et Tipiak) me trouve jolie. Je veux être la plus jolie aux yeux de mon fils, je veux être bien dans mon corps et c'est ce qu'il se passe tout doucement.

Hashimoto, je te dompterai comme j'essaie de dompter mon poids !