Pages

mardi 8 avril 2014

La Pitié Salpêtrière

Il y a ce souvenir qui me trotte dans la tête depuis 5 jours, ce souvenir où j'ai l'impression d'être omnisciente à la scène, comme si je l'avais rêvé et non vécue... 

Pour le suivi de ma grossesse, j'ai eu la chance que la pitié salpêtrière accepte ma demande de prise en charge. Ce n'est pas mon hôpital de secteur. 
Il était hors de question, pour moi, que notre enfant ait un département de naissance qui puisse lui être défavorable dans le monde du travail plus tard (91 - Evry ; 93 en général ; 94 - Créteil). 
Il fallait aussi que je puisse m'y rendre en transport en commun sans que son papa ait à m'y emmener et sans faire un grand détour pour pouvoir retourner au boulot, pas mal de critères à prendre en compte dans cette vie en Ile-De-France. 
Si la pitié ne m'avait pas accepté, j'aurai utilisé mon joker, seul caprice que j'aurai fait durant ma grossesse : aller dès février dans ma ville natale pour accoucher. Fort heureusement, je n'ai pas eu à faire ce choix, avec mon dossier médical, la pitié m'a accepté et j'en suis très heureuse.

Pour un hôpital public, nous n'avons jamais attendu très longtemps (le maximum a du être 30 minutes). Le personnel y est top et je ne parle pas que du personnel de la mater, il y a aussi le personnel du service de l'endocrinologie et de la pneumologie. J'ai découvert des personnes très humaines et compétentes (plus que les spécialistes que j'ai dû aller voir en ville et qui coûtent une blinde ; la faute à pas de chance). 
Je me suis sentie chez moi durant mon hospitalisation. Le personnel n'a jamais été intrusif, elles ont toutes été géniales d'ailleurs (sauf peut-être une de nuit qui me donnait l'impression qu'elle allait me voler mon bébé tellement elle disait qu'il était beau et magnifique ! *esprit tordu bonjour !*).
Je me souviens encore de la sage-femme du week-end, Sylvie, qui était si compréhensive face à mes craintes et qui m'a dit que l'on ferait comme je le souhaitais, qui a su trouver les mots pour m'apaiser.
Je me souviendrais toute ma vie d'Anaïs, la sage-femme avec qui nous avons passé cette journée du 19 mars. A chaque fois que je repense à elle, j'en ai les larmes aux yeux tellement ce sont des souvenirs remplis d'émotions. Elle était si douce, elle était si calme, elle a pris le relais de mon Tipiak au seul moment de la journée où lui était incapable de m’apaiser parce que par empathie, il souffrait autant que moi. Foutue phobie, foutus moult ratages, foutues douleurs des aiguilles. 
En repensant à toutes ces femmes, je me dis qu'elles font bien de faire grève en ce moment et qu'il est dommage qu'elles ne soient pas entendues. Toutes les sages-femmes que j'ai vu ont la vocation d'être sage-femme. Elles accompagnent parfaitement les futures et jeunes mamans et savent leur (re)donner confiance en elles, juste grâce à leurs regards, leurs voix si douces, leurs mots toujours juste ou même leur présence rassurante. 
Alors par ces quelques paroles, je les remercie. Je suis si heureuse qu'elles soient passées dans ma vie et qu'elles m'aient aidé durant ce laps de temps.

Je n'ai pas spécialement envie de partager le récit de mon accouchement avec tout le monde. Il nous est personnel. S'est-il bien ou mal passé? Vous ne le saurez jamais. 
Un accouchement, c'est comme un bébé, il est unique et propre à chaque individu.
Je n'avais pas spécialement cherché des récits d'accouchement, les gens m'ont raconté ce qu'ils ont vécu. Il y avait de tout (et surtout du trash). 
Au final, je n'avais pas d'idée en tête concernant notre accouchement et je n'avais pas fait de projet de naissance. Je trouve que cela consiste à idéaliser ce jour et si rien ne se passe comme on l'écrit, comme on l'imagine, on est déçu et quelque part on passe à côté de quelque chose.  
La seule et unique volonté que j'avais c'était "pas de césarienne". On pouvait TOUT me faire mais ça... ça, c'était l'échec pour moi. Dans mon esprit, la césarienne, c'est un peu Jack l'éventreur. On m'ouvre le bide, on voit tout dedans, on me sort mon enfant et... pleins de sang partout... opération, acte chirurgical, complications, suites de couches horribles à cause de la douleur de cette cicatrice... Des préjugés qui ont la vie dure mais l'inconnu que l'on ne maîtrise pas. Même après avoir lu ce billet, j'ai toujours aussi peur de cet acte.

Ce souvenir qui me trotte en tête a un rapport avec mon accouchement. Si je l'écris et souhaite le partager c'est par peur de l'oublier. Et pourtant, c'est un si joli souvenir que beaucoup de femmes rêveraient d'avoir. 
Ma mère m'a toujours demandé de la prévenir lorsque je perdrais les eaux, au moment même où je perdais les eaux d'ailleurs. Je ne l'ai pas fait et je ne pense pas qu'elle m'en veuille. Je ne voulais pas la prévenir pour rien. J'ai attendu la confirmation d'Anaïs, notre sage-femme. 
Dernière photo enceinte.
Dernier monitoring avant de passer en salle de naissance.
J'avais bien perdu les eaux (c'est bon, je ne disjonctais pas !). C'est donc allongée et les yeux rivés sur le monito que je scrutais la courbe des contractions. Je n'en avais jamais ressenties et là, je voyais la courbe osciller. Finalement, c'était sans doute ce jour que nous allions faire cette rencontre avec notre enfant. Toujours dans l'expectative d'une probable naissance, j'ai attendu le verdict d'Anaïs, après auscultation sur la table de pré-travail. Elle confirmait, c'était pour aujourd'hui. Plus de doute possible.

J'ai envoyé un sms à ma mère presque 4h après ma perte des eaux. Je m'attendais à un appel. 
Rien.
C'était louche. 
J'imagine qu'elle a du lâcher ce qu'elle faisait, foncer à la maison prendre sa valise. Nous avons fini par recevoir un appel : "je saute dans le premier train pour vous rejoindre". Nous on se disait qu'il fallait qu'elle prenne son temps parce qu'elle allait s'ennuyer à attendre toute la journée.

Nous sommes passés en salle de travail et je n'ai pas pu voir ma mère avant l'arrivée de Pompoko. Après quelques heures (c'est fou comme le temps a un pouvoir parfois... J'ai eu l'impression de minutes mais pas d'heures, elle est bizarre cette sensation) notre fils était dans nos bras. 
Ma mère n'a pas arrêté de m'appeler sur mon téléphone bien que Tipiak faisait quelques allers-retours pour lui décrire le déroulement et l'avancée.  

Le jour de la naissance de notre Pompoko, il y avait deux autres naissances : un garçon et une fille. Ma mère a attendu toute la journée avec d'autres futurs grands-parents (ou frères / sœurs, je ne sais pas trop).  
Les proches étaient là et attendaient des nouvelles du front. Chaque petites informations étaient, pour eux, source de bonheur je présume. Ils ont lancé des paris sur quel bébé arriverait en premier, avec le recul, j'en rigole encore. Ma mère avait parié sur le notre, forcément et ça m'a fait sourire.
La première a être sortie fut la petite fille, je dirais une bonne heure avant notre fils mais personne ne l'a su ce soir là. Pompoko fut le second.
Nous sommes sortie de la salle de travail trois heures après. Et c'est précisément ce souvenir qui trotte dans ma tête de l'après salle de travail : moi sur un fauteuil roulant, mon fils dans mes bras son papa ramassant nos affaires. 
Je pleurais de joie et j'ai remercié tout le personnel, du fond de mon cœur. J'ai regardé notre sage-femme une dernière fois et l'ai remercié avec les quelques mots qu'il me restait mais c'était tellement indescriptible ce que je voulais lui dire... 

Premier touché entre mon Pompoko et moi,
quelques secondes après son arrivée.
Des portes battantes, un long couloir avec les aides soignantes qui avaient été là, je les ai remercié elles aussi. 
Des secondes portes battantes s'ouvrent et une foule d'inconnus avec ma mère m'accueillant tel des supporters lançant une holà, des applaudissements et des félicitations. On aurait dit que j'avais eu une médaille d'or aux J.O. !

J'ai précisément en tête ce souvenir et je me vois dans ce fauteuil un peu désorientée, ne sachant quoi dire à par des mercis tout en pleurant de joie. Le temps s'est arrêté durant ces quelques secondes et lorsque l'horloge s'est (re)mise à tourner correctement, j'ai cherché mon cher et tendre des yeux puis je me suis retrouvée dans ma chambre, de façon presque irréelle avec un bébé à mes côtés.

Je crois que je n'ai jamais autant pleuré de joie de ma vie que ce 19 mars 2014 et je remercie tous les jours notre fils de nous avoir choisi comme parents. Je me rends compte de cette chance que nous avons et qui n'est pas donné à tout le monde.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire