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mercredi 29 novembre 2017

Ce que tout le monde oublie...

...sauf moi, je l'espère !


Un matin, en allant chercher des cartons dans une boutique de jeux de société pour préparer notre (futur) déménagement (oui, oui, on s'y prépare assez tôt), j'ai parlé avec le gérant de la boutique de tout et de rien mais surtout des enfants !

Je ne sais plus trop comment est venu sur le tapis la question du sommeil mais c'est un fait, je vis la même chose que lui (vit toujours x-x).

Lorsque l'on parle du sommeil d'un enfant, les gens ne sont pas bienveillants avec les autres. On nous scande des belles paroles pour nous faire comprendre que l'on n'est des moins que rien parce que l'on ne sait même pas gérer les nuits de nos enfants.

Eh, les mecs, si vous avez la recette miracle, je la prends hein.

Sans déconner, la majorité de la population oublient assez facilement ce qu'est le cerveau humain (d'un nourrisson puis d'un bébé puis d'un bambin). Et puis, ils oublient aussi plusieurs facteurs propres à notre espèce.

Nous n'avons pas choisi que Pompoko ne dorme pas d'une traite la nuit. Aaaah ça, s'il pouvait ne faire aucun réveil... Comme des milliers (voir des millions?) de parents, nous sommes toujours réveillés la nuit. Si cela avait été si facile... 

Il y a énormément de facteurs qui entrent en compte. 

Le premier qui me donnait de l'espoir au départ, puis qui m'a mise en colère (d'incompréhension et de non-empathie) pour finir qui glisse comme si c'était un mirage c'est le "tu verras, quand il aura ... mois / années, ça va passer !".
Oui, c'est sûr, il finira pas dormir la nuit :D et c'est nous qui allons être tout "déréglés". 

Le second, c'est la tolérance, enfin plutôt la non-tolérance. J'avoue avoir beaucoup de mal à recevoir des jugements incluant des "laisse le pleurer, il finira par...." le tout sous-endentant un bon "mais pourquoi elle est mère, même pas fichue de bien s'occuper de son môme?". 

Cette non-empathie risque de nous emprisonner par la suite et si aujourd'hui, j'arrive à laisser couler pas mal de choses y compris mes nuits hachées, je suis très souvent passée par la case"j'deviens dingo... mais vraiment folle à lier ! Vaudrait mieux qu'on me retire la garde de mon fils... j'suis réellement une mauvaise mère qui ne comprend pas ce qu'il a".

Nous avons fait énormément de choses pour aider notre fils. On ne parle que de lui et à juste titre puisque nous avons fait exactement la même chose avec notre fille et... Ô, miracle, elle dort bien depuis sa naissance. 

Bref, nous avons fait énormément de choses pour notre fils, osthéo, homéo, kinésio, fleurs de bach, baumes en tout genre, yoga, pédopsy... Il en ressort une seule chose : il est "paramétré" comme ça... Il se réveille souvent la nuit par peur de ne plus nous voir. Il est comme ça, il est angoissé de ne plus être avec son papa ou sa maman, d'autant plus la nuit. Nous dormons tous dans la même pièce d'ailleurs car ça devenait infernal pour nous, parent, que ça en déplaise à certains (et puis, franchement, qu'est-ce que ça peut leur faire?)

Il m'aura fallu tout de même presque 2 ans à chercher, à mettre des mots, à avoir l’énergie vidée pour me résigner à comprendre réellement ce qu'il se passe.

Pompoko ne se souvient absolument pas de ses "crises" qui sont plus ou moins fortes en fonction des émotions qu'il a vécu dans la journée. 

Mais ça, ni la pédopsy, ni aucun spécialiste ne nous l'a dit... Nous l'avons déduit. 
C'est si difficile de ne pouvoir l'aider (et par la même occasion nous aider à dormir x)).
C'est aussi un des paramètres qui fait que je suis extrêmement vigilante et protectrice avec mes enfants... Pour Pompoko, il y a énormément de répercussions sur le sommeil quand un événement le chamboule. 

De fait, la prochaine fois qu'une personne ose s'ouvrir à vous, ne le rabaissez pas. Essayez d'être un peu ouvert d'esprit, empathique et tolérant. 
Ce n'est pas se plaindre que d'essayer de se déverser pour aller mieux. On se libère d'un mutisme qui parfois nous emprisonne... 
On ose non pas pour recevoir un jugement ou une remarque mais juste pour pouvoir recharger les batteries émotionnelles. C'est si important si vous saviez ! 


Si l'envie vous botte, vous pouvez lire, aussi, les mots de Chloé Boehme, trouvés sur sa page facebook et qui m'ont aidé à me sentir "normale"... Peut-être que pour vous, il en sera de même.

Chloé Boehme: accompagnement périnatal et familial
QUAND ON NE DORT PLUS…

Il faut vraiment le vivre pour le comprendre. Ceux qui l’ont vécu ont un peu oublié, nous disent qu’on survivra, parce que le corps est bien fait et ceux qui ne savent pas, ne vivent pas du tout sur la même planète que nous. A coup de conseils théoriques dépourvus de nuance il nous est rabâché que ça passera.
Alors on est seul(e), dans tout ce que ça génère. Sur le corps, sur le mental, sur ses perspectives. Victime d’un tyran décidé, qui nous pousse à nous déposséder de notre besoin primaire : Dormir. A notre rythme, assez, dans la position qui nous convient. Ce n’est pas un caprice, c’est un peu comme si on nous empêchait de manger à notre faim, qu’on jetterait notre assiette à peine entamée ou qu’on nous disait simplement qu'aujourd’hui il n’y a rien à manger. Dormir c’est un luxe, la fatigue la grande responsable de nos impatiences, de nos chutes, de la perte de notre joie de vivre.
Il y a 2 jours j’ai réalisé que je ne lisais pas d’histoires à mon fils, comment est-ce possible? Sa sœur y a eu droit pourtant, des livres superbes que j’adorais raconter. Et bien non… Je n’ai tout simplement pas cette énergie supplémentaire en ce moment. Je dois choisir mes batailles, je dois choisir mes activités car même si l’envie folle de toutes les réaliser me passe par la tête, ce que je veux par-dessus tout c’est être une maman ancrée et disponible. Tout un programme quand on ne dort pas depuis 6 ans.
Il est nécessaire de travailler avec le réel, si tu ne manges pas tu deviens irritable et tu ne cherches qu’à obtenir ton but, si on t’en empêche tu voudras écarter le coupable.
C’est le syndrome de Stockholm comme je le dis souvent. On les aime, fort, sans relâche, ils sont beaux et on veut le meilleur, mais ils nous empêchent de vivre, de prendre notre temps. S’il y a une amélioration on désespère de refaire un pas en arrière. Quand ça stagne on n’en voit pas le bout et c’est anxiogène. C’est impossible d’être un bon parent quand on ne dort pas. C’est biologiquement impossible de répondre à la norme sociale qui ne prend pas en considération le physiologique. Nous ne sommes pas des machines à tout réussir, et nous ne sommes pas conçus pour cela.
Je le vois pour moi-même quand je suis plus reposée je suis pleine de créativité, d’espoir, de patience et de bonne volonté. Mais si je suis à sec, je chercher juste à survivre. C’est cela la parentalité, la survie du quotidien, la tentative de survie de nos rêves et nos promesses. Ce sont des deuils, parfois trop nombreux, de ce qu’on n’arrive pas à être, à réussir malgré toute la bonne volonté.
Oui c’est temporaire !! Promis, je le sais, je l’observe, je le sens.
C’est une caresse lumineuse, c’est un répit, un espoir doré, c’est une multitude de possibilités de savoir qu’un jour on pourra de nouveau respecter notre rythme, notre voix intérieure, non sans séquelles. En attendant, permettons-nous l’image mentale de la famine, c’est inhumain de ne pas manger, c’est tout aussi terrible de ne pas dormir, et dans cette solitude des nuits d’angoisse où le noir devient notre seul allié, où chaque son de la maison est un risque de réveiller le démon. Nous sommes vulnérables face à notre plus grande détresse, seul(e) face à nos échecs dans ce piège infini.
Indulgence, indulgence, indulgence !!
Si nous dormions jusqu’à plus soif et que notre stress était inexistant, quels parents serions-nous pour prendre soin de ceux à qui nous avons tout promis?

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