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lundi 10 avril 2017

J'avais dit... #2

Viens le jeudi, jour du rendez-vous, je suis un peu anxieuse et à la fois assez excitée d'en savoir plus...

En arrivant devant l'immeuble, on aperçoit la dame par la fenêtre. 
Un grand sourire, je crois qu'elle, aussi, est impatiente et qu'elle a hâte de nous voir. 
Je vois qu'elle a un grand balcon et me dis que c'est plutôt positif, après tout, nous aussi on a un balcon assez grand et on y fait pleins de choses. 
Il y a un ascenseur mais elle habite qu'au second étage.
Re-point positif, en cas de panne on a pas tellement à monter.

Elle est très chaleureuse et nous met tout de suite à l'aise. 
Nous laissons Kaguya vadrouiller dans son appartement.  Ce jeudi, elle garde 2 enfants sur 4. 

Elle parle. 
Beaucoup.
Au début, je mets ça sur le compte du fait qu'elle ait peur que l'on engage la conversation. 
Sauf que lorsque je souhaite lui poser des questions, je ne peux pas... Elle parle et ne nous laisse pas le temps de parler. 

Alors, très honnêtement, comme nous avons des idées très très convergentes, cela ne me pose pas réellement de souci. Elle semble plutôt cool et fait pleins de choses avec les enfants. Je suis vraiment emballée et Tipiak aussi. 

Puis, elle nous montre son appart, je dirais qu'il fait a peu près la taille de notre appart. C'est très propre, très organisé, je suis franchement étonnée et bluffée d'une telle organisation.

Tout d'un coup, mon cerveau s'arrête de s'émerveiller et mon coeur prend le relais. 
Nous parlons sommeil. 
" Et comment elle s'endort votre petite? Un doudou ? Une tétine?
- Rien de tout ça, je l'endors au sein. (j'ai été coupé pleins de fois avant de finir enfin ma phrase) Mais si nous travaillons avec vous, nous allons y aller progressivement afin que la transition soit douce pour tout le monde. 
- Ah, parce que moi, j'ai besoin de ma pause par jour. Ma pause c'est la sieste des enfants. Vous comprenez? Je ne peux pas rester à côté d'elle pendant qu'elle dort parce que sans quoi, je n'ai plus de pause. Il faut qu'elle apprenne à s'endormir seule

Euh... Ok. 
Donc là, j'ai la pression.
Nous ne sommes qu'en mars et pour septembre (dans 6 mois quoi) il faut que ma fille sache s'endormir seule et surtout à l'heure imposée par cette dame afin qu'elle lui laisse avoir sa pause.
Je vous avoue que sur le coup, je n'ai pas tellement percuté. 

Nous sortons de chez elle. Je me sens bizarre et très très mal. 
Tipiak m'invite au resto et je ne fais que pleurer. 
J'ai la pression. 

Cette dame accepte quasi toutes nos demandes; couches lavables, liniment, nos repas (même si elle a eu son petit mot dessus), les horaires ainsi que notre fils 1 semaine par vacances... etc... etc... sauf que le sommeil pose problème. 

Avec le recul, le sentiment que j'ai eu c'était de la frustration et de l'angoisse.
J'ai été très frustrée de ne pas avoir pu finir mes phrases, très frustrée de ne pas avoir pu échanger. Si on y pense bien, cette dame faisait presque un monologue. Encore une fois, cela ne me pose pas tellement de problème car nous étions d'accord sur 90% de ce qu'elle disait. De plus, je suis bien consciente que tout ne peut pas être comme je l'imagine, que je vais avoir des concessions à faire... 
J'ai commencé à angoisser lorsqu'elle critiquait un peu les enfants qu'elle gardait ainsi que leurs parents. 
Kaguya 1 an & 1 jour - Japan , à côté du Tokyo Dôme.
Et nous? Que va-t-elle dire de nous? 
Là, tout est beau, tout est rose. Elle semble nous apprécier, elle trouve Kaguya et Pompoko magnifiques et très éveillés. Mais quelles sont les remarques que l'on risque de "se prendre un de ces quatre" ?

Je suis quelqu'un de plutôt cool et assez carrée (pas rigide mais avec des habitudes). Je suis une personne névrosée aussi et je déteste avoir un quotidien stressant. Je crois que je me stresse assez comme ça, juste avec les horaires pour venir chercher mes enfants... 

La question du sommeil est extrêment importante à mes yeux et si Kaguya n'avait pas sommeil en même temps que tout le monde ? Elle fermerait la porte pour avoir sa pause et la laisserait pleurer? 

Elle nous a souligné qu'elle avait arrêtée un contrat car un enfant de 3 mois pleurait tellement qu'il empêchait les autres de dormir... et qu'elle n'hésiterait pas à arrêter notre contrat si Kaguya faisait de même.

Quelque part, je comprends que ce soit compliqué à gérer... et en même temps, il y a cette épée de Damoclès au dessus de moi. Si on la choisit, il y a moyen que l'on se retrouve sans ass mat deux mois après ma reprise. Et moi, je fais comment auprès de mes RH ?...

Tout tourne dans ma tête, après un bref calcul, je me rends compte que je vais travailler uniquement pour payer le loyer et les frais de garde des enfants; ça me fout un peu les boules. 

Je regarde Tipiak en mangeant sans manger et lui dit que finalement, pour septembre 2017, je ne suis pas prête... Pas dans ces conditions. 

C'est pourtant bête parce que sans ce problème attrait au sommeil de ma fille (et donc, à son bien-être aussi)  quasi tout correspondait ! 

Le lendemain, j'arrive à prendre du recul et à mettre des mots sur mes ressentis : 

  • Pression : pour que ma fille "sache" s'endormir seule. (alors que Pompoko ne sait pas le faire actuellement...)
  • Frustration : vis-à-vis de la communication. Comment vais-je devoir faire ? Et si elle nous "dicte" ce que l'on doit faire à terme?...
  • Jugement : vis-à-vis des critiques faites concernant les enfants. ("ah mais celle là, elle est dans la lune vous savez? et puis les parents bla bla bla") 
Une fois que j'ai réussi à extérioriser tous ces sentiments qui me bloquaient, j'ai pu y voir plus clair... J'ai pu me dire aussi que Kaguya, je la voulais à mes côtés le plus longtemps possible.
Au final, j'offre à mes enfants un confort de vie.
Pompoko peut dormir à la maison et ne subit pas le périscolaire le soir (foutue réforme... faire finir les enfants à 15h45 c'est tellement "logique"). Kaguya est entendue dans ses besoins. Je la vois progresser au quotidien et c'est, aussi, très valorisant pour moi. 

Bref, en septembre, je sais à quoi m'attendre... va falloir que l'on trouve une solution car je vais devoir reprendre le travail en Janvier 2018.
Encore une fois, avec leurs réformes à la noix, le congé parental s'arrête au 24ème mois de Kaguya (et plus aux 36 mois de l'enfant)... Sauf que mon congé à moi est reconductible tous les 6 mois... à savoir qu'en janvier 2018, si je souhaite le reconduire, on ne touchera plus rien de mars à juillet... ce qui n'est clairement pas possible. 

Un sacré casse-tête cette histoire et j'espère quand mêmeque l'on aura une place en crèche malgré les mésaventures que l'on a pu connaître !

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