Pages

mercredi 16 novembre 2016

Mea culpa

Au bout de mes 6 premiers mois de vie parisienne, la petite provinciale que je suis s'est mise à détester cette ville... Détester son rythme si oppressant, la froideur des gens et la saleté permanente...


Une année que je n'avais pas revue Paris. La ville ne m'a pas manqué, soyons honnête. 
Des amis en revanche si...  Manque de bol, pour certains, on s'est croisé, encore une fois, tant pis, ça ne sera que partie remise.

Paris, ville (et région) que j'ai tant détesté. 
En arrivant gare de Lyon, déjà, je me suis sentie agressée par son volume sonore. Un peu inquiète avec mes deux enfants l'une sur moi l'autre me tenant la main, nous avons marché 30 minutes à petits pas afin d'éviter le métro (les minis & les valises sans ascenseur, très peu pour moi).

Pompoko a vu que Paris était LA ville où beaucoup de voitures se précipitaient, où il y a tellement de lumières qui clignotent qu'elles en sont hypnotisantes.

Enfin, bon, j'en reviens à notre séjour. A peine arrivée chez mon amie, valises posées, porte-crapouille retiré : Kaguya se met à hurler. Des hurlements avec elle, je ne suis pas habituée. Elle ne pleure jamais (j'vous jure que ce n'est pas un mensonge). C'est un bébé si zen, si souriante et si pleine de vie...

Je repense à toute l'agitation de la journée et me dis que ce sont des pleures de décharges.


Mais non .


Elle hurle et n'a jamais hurlé à ce point... Je tente, vainement, un changement de couches ainsi qu'une prise de température mais rien n'y fait. De la température, elle n'en a pas et la couche ne la gênait pas.

Elle hurle                 de douleur.
Enfin, c'est ce que j'en viens à me dire.

Malgré le portage, elle hurle.

SR arrive et malgré sa journée je lui propose de sortir. Sait-on jamais que les rideaux rouges de notre chambre d'accueil fassent peur à ma fille.

Elle ne se calme qu'après plus de 2h de hurlements... Elle est épuisée et à peine endormie 15 minutes qu'elle reprend de plus belle.

Dehors, il pleut averse.
De grosses gouttes me mouillent et c'est la panique. On vient d'arriver, qu'a-t-elle? Le chéri n'est même pas là... Je prends Pompoko avec moi ? Et si j'attendais ? Mais, si c'est grave ? Et si, ce n'est pas grave ? Bha elle hurle là quand même...  

Le métro n'est pas loin. Je demande à SR si ça l'ennuie de rester avec Pompoko chez elle (moi qui ne confie jamais mes enfants...  SR est une des rares personne en qui j'ai pleinement confiance outre le Tipiak). Elle accepte et je m'excuse.

Je me rends à la pitié salpêtrière, ce n'est pas loin.  Là-bas, entre 2 hurlements, je comprends qu'il n'y a pas de service pédiatrique "c'est un hôpital pour adulte ici Madame".

Je suis sonnée et en fait, je n'imprime pas réellement ce que l'on me dit.

Bordel, elle a mal ou un truc, je suis à l'hôpital, prenez-nous !!! (ça c'est ce que je pense très fort... En réalité je demande où aller)

Après avoir fait répéter au moins trois fois à la dame de l'accueil où je devais me rendre, j'entends un "necker" (à ma décharge elle m'a donné 3 hôpitaux mais je demandais le plus proche tout en ayant qu'elle avait un fort accent).

Necker, necker... C'est où en fait ?

Je prends le métro, évidemment pas dans le bon sens. Et là, là, il s'est passé un truc de fou.

Paris que j'ai longtemps détesté pour son individualisme, son égocentrisme, son oppression, son côté "chacun sa crotte", à cet instant précis : on m'a tendu la main.

Je devais être affolée, sans doute perdue avec ma petite Kaguya qui hurlait.

Necker,  necker, necker....
Putain, ce n'est pas écrit !! 
L'arrêt de métro necker....  c'est tout petit le plan (dans le métro), je ne vois rien.


Un homme s'approche de moi et me demande ce que je cherche.


"Je cherche le service pédiatrique de la pitié...
- c'était l'arrêt d'avant la salpêtrière.
- non pardon, de necker je cherche necker ! La salpé n'a pas de service pédiatrique, j'en viens (oui, j'étais déboussolée).  "

Et je me mets à pleurer... 
Perdue, seule, dans Paris, avec mon bébé qui hurle.

Le Monsieur me regarde, met sa main sur mon épaule et me dit :
"Alors, je pense que vous êtes dans la mauvais sens, il faut aller prendre la ligne  6. On va y aller ensemble, je vous accompagne."

Une dame se lève et dit que vu les hurlements de ma fille, vaut mieux prendre un taxi... Elle souhaite m'accompagner afin de me rassurer elle aussi.

Nous descendons tous les trois (quatre avec Kaguya)
Je sèche mes larmes, Kaguya s'endort de nouveau de fatigue...

La Dame indique au Monsieur qu'elle s'occupe de moi, qu'elle est prête à prendre le taxi avec moi; qu'il n'a pas à s'inquiéter.

Je les remercie énormément et nous sortons, toujours sous cette pluie battante à la recherche d'un taxi.

La Dame finit par me trouver un chauffeur. 
Elle souhaite payer la course. 
Je la remercie très chaleureusement et demande au taxi s'il prend la carte bleue.

C'est un oui.                                      
On se quitte là.                                    

Ce soir là, j'ai eu deux fées. Un homme qui m'a tendu la main et une femme qui m'a tendu une autre main. Deux mains qui m'ont aidé à me lever et à me dire que l'on peut aider son prochain juste en l'écoutant et en le guidant. Merci à vous,  inconnu-e-s, merci de m'avoir écouté et rassuré. Merci de m'avoir guidé.

Paris, je la déteste un peu moins cette ville. 
Il a suffit d'une fois, pour que je ne reste pas têtue. 
Une fois pour que l'individualisme et le mépris que je lui trouvais me donne tort.


Pour l'histoire : à necker nous sommes passées très rapidement. Le docteur m'a dit que je devais arriver trop tôt car elle ne diagnostiquait rien. Je me suis sentie si bête...  Le lendemain, Kaguya a eu 39,8 avec tout le week-end des températures hautes mais elle le supportait bien donc je n'y suis pas retournée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire